Organiser les parcours de soins en psychiatrie

29 juillet 2022 | Hôpital Urgences 10/10 : Organiser les parcours de soins en psychiatrie

Répondre aux urgences psychiatriques par une meilleure évaluation diagnostique des patients, une prise en charge en SNP et le suivi post-urgences

La crise sanitaire a eu un impact notable sur la santé mentale des français. Isolement, angoisse, violences conjugales amplifiées par le confinement, etc. ont fait  émerger de nouvelles souffrances et ont été des révélateurs de profonds états de détresse psychologique.
Or, avec 30% des postes non pourvus à l'hôpital, et 20% des postes d'internes désertés, le
secteur de la psychiatrie est au bord de l'implosion et ne peut que difficilement faire face aux nouvelles demandes.

Les urgences subissent de plein fouet ces difficultés, avec un nombre croissant de passages requérant un avis psychiatrique. Derrière ces demandes de soins psychiatriques, se cachent pourtant différentes réalités complexifiant le travail des urgentistes. 

La psychiatrie : un motif de passage aux urgences plus important qu'on ne le croit

10 à 30% des passages aux urgences nécessitent un avis psychiatrique. C'est pourquoi les SAU (Services d'Accès et de traitement des Urgences) doivent avoir sur place un psychiatre 24h sur 24. Listés dans l'étude Réalités des urgences en psychiatrie de Michel Walter et Philippe Genest, les troubles dépressifs (36 %), les troubles schizophréniques (14 %), les troubles de l’adaptation (13 %) et les dépendances à un produit (9 %) sont les catégories diagnostiques les plus souvent rencontrées.

Si on regarde maintenant les antécédents psychiatriques de ces passages, 30 % correspondent à des décompensations de pathologies psychiatriques connues et déjà diagnostiquées chez les patients (psychoses schizophréniques, troubles bipolaires, troubles de la personnalité, etc.) En s'appuyant sur les antécédents du patient, le médecin urgentiste va pouvoir poser un diagnostic et rétablir le processus thérapeutique.

Mais, pour les 70% de patients restants, l’intervenant aux urgences ne pourra que très difficilement poser un diagnostic psychiatrique fiable et définitif. Il ne s’agit pas encore de maladies psychiatriques diagnostiquées, mais d'une situation de crise ressentie par le patient ou son entourage comme suffisamment alarmante pour nécessiter un passage aux urgences.  

Urgence psychiatrique et psychiatrie en urgence : mieux évaluer pour mieux orienter et soigner

On comprend ainsi la complexité de la réalité des urgences psychiatriques : comment distinguer rapidement les différents types de patients et besoins de prise en charge ?

Une solution simple à mettre en place pour faciliter le triage dès l'accueil aux urgences serait de questionner le patient sur son "histoire" (son ressenti, ce qui a motivé sa venue aux urgences), ses antécédents médicaux, familiaux et thérapeutiques.

Malheureusement cet interrogatoire (ou l'évaluation d'échelles type Mini mental Health, HAD, Fagerström...) prend du temps, car le professionnel de santé doit gagner la confiance du patient pour éviter que les réponses soient biaisées (un patient répond toujours différemment selon qu'il soit seul devant un questionnaire ou sous, ce qu'il peut percevoir comme l’œil inquisiteur d'une personne qu'il ne connait pas.

Le digital, support à l'évaluation psychiatrique aux urgences

En fonction de l'état physique et psychologique du patient, le questionnaire pourrait être auto-administré et réalisé de manière digitale par le patient ou assisté par un accompagnant ou une infirmière formée aux spécificités d'une prise en charge psychiatrique. Les réponses structurées du patient permettraient de réaliser une première évaluation rapide de la situation et un tri des patients distinguant les cas relevant d'un parcours de soins psychiatrique connu et ceux nécessitant une évaluation diagnostique plus approfondie. D'ailleurs cet outil digital, une fois mis en place aux urgences pourrait très bien être déployé en amont des services d'urgences.

Favoriser l'organisation des SNP en psychiatrie dès l'amont.

La réorientation des patients demandant des urgences vers la médecine de ville n'est plus un sujet tabou.

Via cet outil digital, il pourrait également être imaginable de mener cet entretien diagnostique structuré et ce triage en amont des urgences, directement par l'ARM lors de l'appel du patient au SAMU.  

Le développement des CPTS permet de mieux articuler médecine de ville - hôpital - structures médico-sociales pour répondre aux demandes de soins non programmés du territoire. A travers un outil digital, les CPTS pourraient mettre à disposition du SAMU/SAS des créneaux de SNP spécifiques en psychiatrie, facilitant ainsi le travail du régulateur. Cela éviterait le recours systématique aux urgences tout en garantissant une prise en charge de qualité.  

Gérer l'épisode de crise et sécuriser la prise en charge post-urgences

La prise en charge des 70% des patients en situation d'urgence psychiatrique sans antécédent (i.e. le premier diagnostic psychiatrique d'un patient) reste une vraie gageure pour les médecins urgentistes. Poser un diagnostic nécessite un temps long d'échanges avec un praticien spécialisé que ne permet pas le service d'urgences. Pour autant, faire sortir trop rapidement ces patients sans garantir une consultation psychiatrique ultérieure peut présenter des risques (suicides par exemple). Aussi l'enjeu des urgences va être de pouvoir sécuriser la sortie en garantissant  la consultation psychiatrique ultérieure.

En s'appuyant sur un outil numérique fédérant l'ensemble des professionnels et structures psychiatriques du territoire, l'urgentiste pourrait directement avoir accès aux compétences locales nécessaires au suivi de son patient en ville. Sa demande de prise en charge en ambulatoire serait supervisée par un coordinateur au sein de la CPTS garantissant sa réalisation.

Optimiser les parcours de soins en psychiatrie

Une fois pris en charge, hors urgences, le patient doit enfin pouvoir bénéficier d'un parcours de soins performant. Performant non seulement en terme de nombre de séances nécessaires, mais surtout par son efficacité thérapeutique et le délai de rétablissement du patient. La performance est souvent perçue comme un "gros mot" dans le domaine de la santé, alors même que cette logique d'optimisation parait plus que jamais nécessaire dans un contexte de pénurie de l'offre et d'explosion des demandes de soins psychiatriques.

Le digital pourrait participer à cette optimisation des parcours de soins en psychiatrie en :

  • rendant le patient encore plus actif et acteur de son parcours
  • améliorant la performance diagnostique des professionnels par la systématisation d'entretiens exploratoires structurés avec leur patient, s'appuyant sur la MINI (Mini International Neuro-psychiatric Interview)
  • favorisant la coordination du travail du psychothérapeute et du psychiatre
  • collectant des données permettant de mesurer et d'évaluer l'efficacité du dispositif thérapeutique

C'est le choix qu'a fait la Clinique de l'Anxiété en s'appuyant sur notre solution digitale MEDANA Consultation Régulée.

Pour en savoir plus sur cette réalisation : MEDANA CLINIQUE ANXIETE

 

En conclusion, pour faire face à des demandes croissantes et une pénurie de l'offre en psychiatrie, il apparaît plus que jamais nécessaire de s'appuyer sur des solutions digitales permettant d'évaluer rapidement le patient, de le prendre en charge dans le cadre des SNP et/ou d'organiser son suivi post-urgences, Ces solutions existent déjà et sont déployées à l'HÔPITAL, aux URGENCES, en VILLE, en PSYCHIATRIE

Pour aller plus loin sur le sujet : 10 réponses concrètes aux priorités soulevées par le rapport Braun

Christelle NEVAT

Ecrit par: Christelle NEVAT

Responsable Marketing d'Anamnèse, Christelle NEVAT a fait toute sa carrière dans le secteur IT. Elle a notamment exercé de nombreuses années chez des éditeurs majeurs en système d'information radiologique, télémédecine et e-santé. Elle bénéficie ainsi d'une solide expertise sur les problématiques digitales et organisationnelles du secteur de la santé, ainsi que sur la réglementation propre aux données de santé et aux dispositifs médicaux.