Pas une journée ne passe sans que l’on entende parler de déserts médicaux, de difficulté d’accès aux soins, qui entraînent inexorablement une bascule des patients vers les services d’urgences. Ces services sont à leur tour sous pression, saturent ou ferment.… Ce qui entraine une bascule des urgences vers un filtrage par le 15.
Cependant, des solutions complémentaires existent pour améliorer l’accès aux soins : la collaboration entre professionnels de santé au sein d’une structure de coordination comme les CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé), ou des MSP (Maisons de santé pluridisciplinaires).
Dans son interview sur LCI le 27 août 2023, le Ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, alors qu’il rappelait que l’arrêt du numérus clausus décidé en 2019 n’aurait pas d’effet avant 2027, expliquait qu’une solution pragmatique en attendant, consistait à faire ce que font d’autres pays en Europe, et développer des protocoles de coopération, et que malgré les oppositions de certains médecins, “Aujourd'hui, on voit une réelle volonté pour promouvoir une approche pluriprofessionnelle et de dialogue autour du malade” (23e minute) chez la majorité des soignants.
C’est quoi ?
Les protocoles de coopération pluri-professionnels, élaborés par la Haute Autorité de Santé (HAS), ou localement par les professionnels de santé d’un territoire, jouent un rôle crucial dans cette dynamique en favorisant la collaboration entre médecins généralistes, spécialistes d’une part, et infirmiers, pharmaciens, kinésithérapeutes, sage-femmes… d’autre part, en permettant à ces derniers, de manière encadrée, de réaliser un acte médical (e.g. prescription) normalement dévolu aux premiers.
Le Ministre donne d’ailleurs 2 exemples courants à 23’45 et 24’13 :
- “Je présenterai dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale une mesure, qui peut paraître accessoire, mais elle ne l’est pas du tout : Les pharmaciens doivent pouvoir faire des TRODs, un petit examen pour savoir si votre angine est liée à un virus ou une bactérie, et prescrire en fonction.
- “On n’ose pas toujours en parler… la cystite… aujourd’hui un pharmacien sait très bien, dans 90% des cas, et la patiente aussi le sait, quel traitement il faut. Mais ce traitement, normalement, il faut une ordonnance.
Exemple concret de fonctionnement d’un protocole : La Cystite
C’est un sujet tabou? Alors parlons en…
Jusqu’à présent, lorsqu’elle a des brûlures mictionnelles une patiente doit d’abord chercher un RDV avec avec un médecin généraliste pour être diagnostiquée et obtenir une prescription:
- soit un à 2 jours d’attente en vivant avec ces brûlures mictionnelles avant d’avoir un créneau avec son médecin traitant
- soit plus rapidement (dans la journée? demain? ) si elle va chercher le premier médecin généraliste disponible… qu’elle ne connaît pas… pour parler d’un sujet intime… mais qui pourra l’aider plus rapidement.
- ça vous rappelle quelque chose?
Ensuite aller chez son pharmacien, pour obtenir le médicament.
Avec les protocoles (et nous avons maintenant plus de 5 mois d’expérience d’utilisation sur le terrain avec une dizaine de CPTS sur les 40 qui nous font confiance), le schéma est tout autre.
(petite video explicative sur https://www.citana.care/protocoles-soins#CYSTITE)
- la patiente se rend chez son pharmacien lui explique ses douleurs
- le pharmacien lance le protocole Cystite sur son PC/smartphone
- réponds aux premières questions d’inclusion (motif de la venue, consentement,
- valide les 15 critère d’exclusion (e.g. pas de fièvre, vomissement, douleurs abdominales, pas d’antibiothérapie pas de grossesse…)
- réalise un examen clinique encadré (pouls, FR, tension, température, bandelette urinaire, allergies aux Fosfocymine/beta-lactamines…)
Si toutes les conditions sont réunies, le pharmacien se voit proposer immédiatement une ou plusieurs ordonnances (selon les allergies), pré-validé par son binôme médecin délégant.
Au bilan
- la patiente a, dans certains cas de figure, immédiatement son traitement en sortant de la pharmacie
- le créneau du médecin traitant qui n’a pas été utilisé pour cette patiente est disponible pour un autre patient qui aurait sinon, en l’absence de créneau rapide, soit renoncé au soin, soit se serait déplacé aux urgences.
Quels sont les protocoles de coopération ?
Depuis 2018, la Haute Autorité de Santé (HAS) a validé 6 protocoles:
- Cystite
- Angine
- Varicelle
- Rhinite Allergique
- Entorse
- Lombalgie aigü
Mais localement, les CPTS ou Hôpitaux valident des protocoles sur leurs territoire, ainsi, nous mettons en oeuvre des protocoles locaux comme
- Sport et santé
- Ostéoporose
- Déshydratation chez la personne âgée
- BPCO
- Diabète
- ….
Conditions pour mettre en œuvre des protocoles de coopération?
Les professionnels de santé souhaitant mettre en oeuvre des protocoles de coopération, doivent
- travailler au sein d’une structure coordonnées (e.g. CPTS)
- avoir été formés au préalable dans cette structure
- être associé à un médecin délégant (dont la signature sera apposée sur les ordonnances générées)
- suivre scrupuleusement le protocole… et être formé sur les mises à jours, et les dernières avancées.
Et c’est sur ce dernier point que le digital a une place primordiale. Il permet de
- mettre à jour instantanément sur tout le territoire, les nouvelles règles de fonctionnement, (critères d’exclusion ou d’inclusion, traitements possibles…) tout en laissant
- tracer les réponses du professionnel de santé délégué
- horodater recueillir le consentement du patient
- et donc sécuriser la prise en charge
Intérêts des protocoles de coopération
Les protocoles permettent :
- de systématiser et homogénéiser une évaluation d’un patient.
- une mise à jour rapide permettant au professionnel de santé délégué de faire bénéficier à son patient du niveau de connaissance le plus récent
- de sécuriser la prise en charge au travers de critères d’exclusion, qui permettent de détecter quels patients doivent être orientés vers leur médecin traitant.
- la réduction des délais d'attente pour les patients en favorisant leurs accès aux soins
- de tracer les actes pour un meilleur suivi, ou pour réaliser une étude populationnelle.
- réduire l’empreinte administrative pour les soignants en les libérant de tâches administratives (reporting), nécessaires mais chronophages.
- régulariser des actions que des professionnels de santé font d’ores et déjà pour aider leurs patients.
- Limiter l’embolie des médecins généralistes et des services d’urgences alors que d’autres praticiens libéraux peuvent jouer un rôle.
En résumé
La HAS, en instaurant ces différents protocoles, permet une collaboration interprofessionnelle, les acteurs de la santé apprennent les uns des autres, partageant leurs connaissances et leurs compétences pour le bénéfice des patients. Cela permet une meilleure compréhension mutuelle des responsabilités de chaque professionnel du secteur de la santé.
Ces protocoles ne sont pas seulement une initiative stratégique, mais aussi un moyen concret de mettre en pratique la vision d'une santé plus intégrée et axée sur les patients à travers une délégation des tâches. Celle-ci est hautement encadrée et présente un double avantage :
D'une part, elle contribue à réduire la pression sur les médecins et les spécialistes qui peuvent ainsi concentrer leur expertise sur des cas plus complexes. D'autre part, cette délégation de tâches n'affecte en aucun cas la sécurité des patients, au contraire, elle est instaurée pour garantir un accès aisé aux soins tout en veillant à ce que les prestations médicales respectent les normes strictes de qualité et de sécurité en vigueur.
La répartition des responsabilités entre les médecins et les autres professionnels de santé, tels que les pharmaciens, infirmiers et kinésithérapeutes, est une question centrale,
Aujourd'hui, on voit une réelle volonté pour promouvoir une approche pluriprofessionnelle dans le secteur de la santé, mettant en avant un dialogue continu et constructif centré sur le la santé et le bien-être des patients.
Pour illustrer ses propos, le Ministre de la Santé Aurélien Rousseau, prend l'exemple des pharmaciens : selon le ministre, il serait judicieux de leur octroyer la possibilité d'effectuer des diagnostics précis et de délivrer des ordonnances, comme le cas des cystites chez les femmes. Dans près de 90 % des cas, tant les pharmaciens que les patientes sont en mesure d'identifier le traitement approprié
@Citana, socle technique de notre solution inzee.care Coordination, soutient activement cette démarche en proposant aux CPTS la mise en œuvre des protocoles HAS au format numérique. Ainsi grâce à notre outil, chaque délégué (pharmacien, kinésithérapeute, infirmier, etc.) évalue le patient selon les critères du protocole choisi et sur lequel il a été formé et orienté ou traite directement selon les règles définies dans le cadre du protocole, sous la supervision d’un médecin délégant. Aujourd’hui près de 40 CPTS nous font déjà confiance pour, grâce au numérique, faciliter l’accès aux soins et accélérer la coopération des professionnels de santé sur leur territoire.
- Découvrez en détails nos différents cas d’usages autours de ces protocoles mis en place par nos CPTS clientes :. citana.care/protocoles-soins